Depuis quelque temps, vous avez bien remarqué la tendance au sein de votre équipe: manque d’innovation, perte de dynamisme, absence de prise d’initiative… Le travail fournit reste cependant correct, et malgré les activités ou diverses conférences mises en place pour essayer d’enrayer ce problème, la situation n’évolue pas. Vous vous résolvez donc à penser que cela est dû à la personnalité de vos employés qui ne sont tout simplement pas “faits” pour ça. Vous préférez en conséquence faire appel à des firmes externes qui pourront soutenir votre service de Recherche et Développement.
Et si nous vous disions que le problème se trouve là où vous ne l’attendez pas? Comment réagiriez-vous si vous appreniez qu’il se trouve en réalité dans le style de management et la culture qui règnent au sein de votre entreprise? Une étude d’Accenture de 2013 a souligné que 85% des dirigeants considèrent l’innovation comme un facteur clé de compétition. Pourtant, un employé sur deux environ propose de nouvelles idées, et simplement 11% de ces idées proposées sont réellement considérées. Alors, pourquoi les employés s’expriment-ils si peu? Quel est ce levier qui vient freiner l’innovation au sein de l’entreprise?
Il existe un paradoxe très marqué au sein des entreprise; un paradoxe qui a tendance à freiner l’innovation:
• D’une part, les managers cherchent à prioriser au maximum la performance, de part des codes d’entreprises, au travers de valeurs, ou encore grâce à des outils d’évaluation des salariés. Dans un tel système de management, la place pour l’échec est plutôt mince.
• D’autre part, dans un contexte d’entreprise où l’excellence et la perfection sont très présents, l’échec est souvent condamnable. Les employés craignent de prendre la parole pour proposer de nouvelles idées, de peur de se heurter à un échec. Leur créativité et leur capacité d’innovation s’en retrouvent freinées.
Pourtant, vous devez savoir que recherche de perfection et acceptation du risque d’échec peuvent très bien fonctionner ensemble.
Apprenez à faire des échecs un moteur pour la performance
Nous l’avons tous déjà entendu plusieurs fois, et pourtant nous avons tous trop vite tendance à l’oublier dans les situations importantes: l’erreur et l’échec sont nécessaires et bénéfiques à l’apprentissage. Mais ce, à une seule condition: seulement si l’on sait les comprendre, les analyser, et adopter des actions en conséquence. Parfois, ils nous mènent même à des nouvelles opportunités auxquelles on ne s’attendait pas du tout (Christophe Colomb à bien découvert l’Amérique suite à des erreurs de calcul !)
Trop souvent aujourd’hui, dans tous ces systèmes où l’on a “honte” des échecs, on a tendance à vouloir dissimuler ces derniers et les oublier. On pense qu’ils n’apporteront rien de bon pour l’entreprise et qu’ils ne permettront pas d’amélioration. Rapidement, les employés ont conscience de cela, et s’empêchent de prendre la parole et de proposer des idées par peur d’être jugés. Réprimer systématiquement les échecs et les erreurs, c’est donc créer un cercle vicieux de baisse d’innovation et de performance.
A contrario, laisser une place à l’échec permet d’alimenter l’innovation et d’augmenter la performance globale, en ce sens que les employés se sentent libres de pouvoir communiquer sur leurs difficultés et de proposer de nouvelles solutions sans avoir peur de se faire réprimer. Plusieurs entreprises ont déjà compris cela et commencent à mettre en place des procédures pour la valorisation des erreurs et l’acceptation de ces dernières. Deux exemples inspirants:
• Pernod Ricard, l’une des plus grandes entreprises mondiales de spiritueux et l’une des plus innovantes, écrit dans sa charte “Nous reconnaissons la prise de risque et le droit à l’erreur”;
• La compagnie aérienne Air France dispose d’une “Charte de non punition de l’erreur” pour inciter les employés à communiquer les dysfonctionnements.
Comment mettre concrètement en place la notion de droit à l’erreur dans votre entreprise?
Vous l’avez bien compris, en bref:
• L’échec est un moteur pour la performance seulement si l’on a la volonté de le comprendre et de l’analyser.
• Dissimuler et/ou sanctionner l’échec a une conséquence directe sur la capacité d’innovation des salariés;
• A contrario, laisser une place à l’échec dans les valeurs et dans les faits incite à l’innovation et à la performance;
Concrètement, comment peut-on mettre en place un regard positif sur les échecs en entreprise pour favoriser l’innovation?
Les inclure dans la culture d’entreprise
La notion de droit à l’erreur doit se retrouver aussi bien dans les valeurs que dans les faits. Par exemple:
• dans les valeurs: par le biais chartes ou des évaluations des employés (en félicitant la prise d’initiative peu importe le résultat, et en la récompensant). Ainsi, l’entreprise Facebook place l’audace au coeur de ses valeurs et accepte en conséquence l’erreur dans la philosophie d’entreprise;
• dans les faits: les discours. Les managers parlent ouvertement de leurs échecs, et comment ils ont su rebondir et s’améliorer. Oubliez déjà l’idée que cela pourrait les décrédibiliser: la valeur première d’un bon leader est la résilience et l’humilité !
Accepter ces risques d’erreurs
Maintenant que le droit à l’erreur est ancré dans les valeurs, vous vous devez de montrer par des faits concrets que vous acceptez l’échec. Surtout, ne soyez pas hypocrite car vous en serez le premier pénalisé ! Vous pouvez tout aussi bien:
• partager des temps d’échanges avec les employés;
• organiser des réunions en plus grand nombre;
• demander à vos employés de participer à la résolution des problèmes;
• discuter des potentiels risques liés aux projets: avant de vous lancer dans n’importe quelle innovation, échangez avec les différents interlocuteurs pour connaître les potentiels risques qui incombent à ce nouveau projet. Cela peut-être avec votre manager ou alors de façon collective pour avoir une vision plus large. Les échanges de groupe sur ce type de sujet prouvent à tous que l’erreur est acceptable et favorisent les prises de parole des employés car ils se sentent considérés. «
Faites une analyse des échecs pour les rendre constructifs et alimenter la performance
Dès qu’un échec survient, ne vous méprenez pas, faites en une analyse détaillée pour les rendre constructifs. Un employé échoue quelque part? Prenez un temps avec lui pour en déterminer la source. Est-ce dû à un manque de professionnalisme ou à des imprévus externes? Pensez à mettre en valeur la prise d’initiative quelque soit le résultat avant de commencer, puis essayez de comprendre ce qui a bien ou moins bien fonctionné. Le but est d’avoir les outils nécessaires permettant de s’améliorer dans un futur proche, plutôt que de faire table rase et d’oublier au plus vite.
Thomas Edison, l’inventeur de l’ampoule électrique l’avait déjà compris quand il a dit: « Je n’ai pas échoué, j’ai simplement trouvé 10000 moyens qui ne fonctionnent pas. »
Les entreprises les plus innovantes et les plus performantes sont celles qui ont déjà compris et intégré ces principes, et qui les mettent en action quotidiennement au sein de leur organisation. Valoriser les prises d’initiative, accepter les erreurs et les échecs sont les leviers principaux de la performance et de l’innovation des organisations. Mettez-le en place au sein de votre entreprise et voyez les effets positifs de ce type d’actions et de management.
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